Nouvellement accréditée à Rabat en tant qu’Ambassadeur de la Roumanie, Mme Daniela-Brindusa Bazavan impressionne d’emblée par son dynamisme et son potentiel communicatif.
Dans cette interview accordée au Nouveau Monde Diplomatique,
La diplomate Roumaine livre ses impressions sur le Maroc et évoque différents sujets d’actualité nationale.
Parcours Diplomatique
Au sein du Ministère des affaires étrangères j’ai exercé plusieurs responsabilités dont directeur adjoint de la direction de l’ONU et correspondante nationale de la Francophonie (2004-2005)
et, quelques années plus tard, directeur de la Direction Europe Occidentale et Centrale (2010-2016).
En ce qui concerne ma formation, j’ai étudié le droit à l’Université de Bucarest, où j’ai obtenu en 1992 la licence en droit international et relations internationales. J’ai ensuite suivi les cours de l’Institut Royal des Relations Internationales Clingendael, aux Pays-Bas (1993), ainsi que des études à l’Institut Roumain des Relations Internationales de Bucarest (1995). Je parle couramment le français et l’anglais et j’ai des connaissances en espagnol.
En 2006 j’ai été décorée par le Président de la Roumanie avec la Médaille du Mérite Diplomatique.
Relations Maroc/ Roumanie Coopération politiques, économiques, culturels…..
Les relations d’amitié et de coopération entre la Roumanie et le Royaume du Maroc ont toujours eu une qualité exceptionnelle, reposant sur un partenariat fort et durable, constamment renforcé par le statut que les deux pays ont dans la région : la Roumanie pays membre de l’Union Européenne et le Maroc partenaire privilégié de l’Union européenne et un partenaire régional majeur dans la lutte contre le terrorisme et l’immigration illégale.
C’est une relation bilatérale traditionnellement proche, caractérisée par la confiance et le respect mutuels, qui a connu, tout au long de plus d’un demi-siècle, car on fête cette année 55 ans depuis l’établissement des relations diplomatiques, un développement continu et substantiel à travers un dialogue politique dynamique et pragmatique et une coopération étroite dans beaucoup de domaines. Preuve de cette dynamique, la réalisation de plusieurs visites bilatérales au niveau gouvernemental et parlementaire, mais aussi dans le domaine économique, ainsi que de missions économiques qui se sont régulièrement déroulées entre les deux pays.
Le Maroc est devenu le premier partenaire commercial de la Roumanie en Afrique et une relation pilote pour la politique de la Roumanie aux pays du Maghreb et en Afrique en général.
La coopération bilatérale qui lie nos deux pays se retrouve dans des domaines bien divers, allant des projets majeurs de bâtiment ou d’aménagement de ports maritimes, d’infrastructures, de prospections de minerais et hydrocarbures, jusqu’aux constructions mécaniques et à la technologie de l’information.
Un domaine qui a fort contribué, et le fait encore, à la durabilité des relations roumano-marocaines, pour avoir reposé sur les relations interhumaines, fut le domaine de l’enseignement et de la formation professionnelle – environ 500 professeurs roumains ont enseigné dans les écoles et les lycées du Maroc dans les années 70-80, et il y a encore des dizaines d’enseignants roumains au Maroc surtout dans l’enseignement technique, tandis que beaucoup de jeunes marocains ont choisi la voie de l’enseignement universitaire de Roumanie. Il y a, à présent, plus de mille étudiants qui poursuivent leurs études aux Universités roumaines de Iasi, Cluj, Timisoara, Arad, Bucarest, Constanta ou Craiova.
Vu l’intérêt croissant des étudiants marocains pour le milieu académique et social roumain, l’Ambassade de Roumanie à Rabat a récemment organisé, en partenariat avec l’Université Mohammed V, l’évènement Journée des Portes Ouvertes -opportunités d’études supérieures en Roumanie, pour présenter le système d’enseignement roumain et les opportunités qu’il en offre afin de mieux informer le public marocain. A cette occasion, une importante délégation roumaine, composée des représentants du Ministère roumain de l’éducation, des représentants des universités roumaines, ainsi que des représentants de l’Ambassade de Roumanie a présenté l’offre éducationnelle des universités roumaines, les démarches à accomplir afin de s’inscrire aux études en Roumanie et concernant la résidence légale en Roumanie, les démarches nécessaires pour l’obtention d’un visa études ainsi que pour traiter d’autres questions d’intérêt pour les participants.
En même temps, pour marquer la symbolique anniversaire que revêt cette année et l’excellence des relations bilatérales, nous avons organisé, le 27 Mars, au Théâtre National Mahommed V de Rabat, en partenariat avec le Ministère marocain des affaires étrangères, la soirée musicale Culture universelle en partage à travers laquelle des artistes roumains et marocains ont eu l’occasion de mettre en valeur de manière artistique l’amitié traditionnelle et la coopération étroite qui lient nos pays et nos peuples.
Relations Maroco-africaines et retour du Maroc à l’Union Africaine ?
C’est dans cet esprit que le ministre roumain des affaires étrangères, avait salué, dans son message de félicitations adressé à son homologue marocain, le récent retour du Royaume du Maroc à l’Union Africaine lors du 28ème Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement, tenu à Addis-Abeba.
Avancées réalisées par le Maroc dans les domaines politique, économique, social ?
Le Maroc s’est lancé dans un ambitieux programme de réformes politiques avec l’adoption, en 2011 de la nouvelle Constitution, qui a ouvert la voie à une société plus ouverte et démocratique, un État de droit et des institutions modernisés, plus une stricte séparation des pouvoirs et une décentralisation accrue. En même temps, les progrès enregistrés dans le processus de réformes dans les domaines économique et social que le gouvernement marocain a entreprises ces dernières années pour mieux répondre aux aspirations de différentes composantes de la société et des opérateurs économiques, ont entrainé un développement considérable du pays.
C’est ce qui a fait que le Maroc jouit à présent d’une stabilité politique, économique et sécuritaire qui en fait un modèle dans une région traversée par toute une série de conflits sur des troubles socio- politiques.
Condition de la femme au Maroc ?
Lorsqu’il s’agit de la situation et la condition de la femme au Maroc, on estime que bon nombre de changements positifs ont été opérées dans la société marocaine (réforme du code de la famille en 2004, transmission de la nationalité marocaine par la mère en 2007, levée des réserves du Maroc sur la Convention des Nations-Unies, relative à l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes en 2011etc). A partir de la Constitution de 2011 qui représente une avancée importante en matière de droits des femmes, plusieurs articles y traitent non seulement de la place des femmes en matière civile, mais aussi de leur place dans la vie politique, économique, sociale et culturelle, le Maroc a réalisé durant les dernières années plusieurs acquis dans le domaine des droits politiques, économiques et sociaux des femmes.
On voit la femme marocaine d’aujourd’hui activement impliquée dans la vie politique, bien qu’elle soit pourtant encore sous-représentée à ce niveau, assumer des responsabilités décisionnelles au niveau économique, social, culturel et humanitaire. Elle joue un rôle de plus en plus important dans le développement économique, politique et social du pays.
Cependant, les avancées qu’a connues le Maroc doivent être davantage renforcées, notamment par un accès réel des femmes à la justice, la lutte contre l’impunité à l’égard des auteurs des violences et une politique préventive, des réformes portant notamment sur l’amélioration des dispositions relatives au Code de la famille et le Code du travail, outre l’amendement des textes juridiques relatifs à la déclaration des enfants des mères célibataires.
Certes, la femme marocaine mène son combat pour acquérir sa pleine citoyenneté, sans discrimination ou ségrégation, afin de pouvoir exercer ses droits dans tous les domaines, civiles, politiques, économiques. Et des journées comme la « Journée de la lutte contre les violences faites aux femmes » ou la « Journée Internationale de la femme », célébrées chaque année au Maroc, constituent un moment de réflexion pour se pencher sur la situation et la condition de la femme.
Un mot pour le Nouveau Monde Diplomatique?
Je suis très honorée par votre initiative de faire publier cette interview dans le présent numéro du magazine Le Nouveau Monde Diplomatique dont nous apprécions beaucoup la qualité des informations et l’intérêt accordé aux activités du milieu diplomatique. Je vous souhaite
meilleurs vœu ; de bonne continuation, beaucoup d’éditions et de nombreux lecteurs.